Licencier sans motifs valables

angie1306 - 4 août 2009 à 23:10
 Aldebaran - 5 août 2009 à 10:25
Bonjour,

J'ai travaillé pour une entreprise (restauration, pizzeria) depuis le mois d'octobre 2008 jusqu'en avril 2009 puis j'ai démissionnée pour passer mes partiels. Enfin je suis revenue en juillet, les patrons me reprennent heureux, parce qu'ils étaient dans la galère avec deux hotesses de caisse en congés maladies (prises parce qu'elles s'étaient enervé contre les patrons et que ça les avait affectés).
Je leur dit bien que je ne reste que jusqu'en septembre parce qu'après je pars en Erasmus, et même comme ça ils me font un CDI alors que je voulais un CDD. Bon je laisse tombé pour cette fois ci, les patrons je les connais et je les aime bien, donc on ne va pas se prendre la tête!

Or des petits soucis arrivent vite fait, tout d'abord un écart de caisse de 7,50 € qu'ils voulaient enlever de mon salaire, sauf que je me suis renseigné et normalement ce n'est pas legal il faut tout d'abord un avertissement, de plus selon les sanctions dans le code du travail il n'y a à aucun moment une sanction qui permettrai le remboursement par l'employé de l'écart. Je leur di donc tout ça, papiers en main pour justifier mes propos, il l'admette et me disent que s'ils le font c'est pour "motiver" leurs employés à être plus attentif avec la caisse Enfin de compte vu que je savais que ce qu'ils fesaient été interdit (selon mes reseignements et leur confirmation) ils me disent qu'il ne me prendront pas cet argent sur mon salaire. Je suis donc contente, ils ne me font que signer un papier pour justifier de cet écart.

Un autre écart arrive, celui ci de 2,20€ pour lequel ils me font encore signer un papier.
Enfin, un autre jour, deux clientes (differentes) se trompent sur leurs commandes, une l'admet, donc pas de souci mais l'autre ne l'admet pas et ça me retombe dessus, il me fait encore signer un papier dans lequel je soussigne m'être trompé d'une pizza qui a dû etre remplacé et que l'autre été donc perdu, (sauf qu'ils l'ont donné au personnel comme ils ont l'habitude de faire tous les soirs).

Et deux jours après je me ramene travaillé et là ils m'annoncent m'être fin à ma période d'essai pour ces 3 bêtises, même le manager été surpris mais bon les patrons l'avaient décidé.

Je sais qu'il ne faut pas d'explication valable si on rompt une période d'essai mais je suis outrée de voir comment ils ont réussi à m'embobiner en signant ces papiers pour me virer alors que leur vrai raison est parce que je découvrais peu à peu toutes les irrégularités dan leur entreprise, du coup je n'ai qu'une envie appeler l'inspection du travail pour les avertir, par exemple du fait qu'ils enlevent les ecarts de caissieres et des livreurs de leur salaire, qu'ils ne nettoient pas une fois par jour les toilettes, ni ont leurs écrans à la bonne hauteur pour les caissières, et qu'ils harcelent moralement leurs employés en leur criant dessus devant les clients, de plus s'ils ne sont pas contents ils nous renvoient chez nous direct sans avoir fini le service..

Et de toute façon les écarts c'est en partie de leur faute parce que bon je parle de caisse à chaque fois mais c'est une banane qu'ils nous donnent!!!!!

Bon bref je voulais savoir s'ils avaient vraiment le droit de me virer pendant ma période d'essai sachant que j'avais comme même travaillé pendant 7 mois avant donc normalement je connaissais bien mon travail!! Et qu'est ce que je peux faire pour que les autres employés connaisent leur droit comme celui qui interdit le remboursement de son propre salaire, parce que les patrons continuent à enlever les écarts des autres employés...

Ce qui m'énerve le plus c'est qu'il y a un livreur qui est tjrs absent, qui fait des siennes en gros mais comme ils ne les fait pas chié légalement ils le laissent. Un autre livreur a dû démissionné obligé par les patrons, il avait fait un ecart de 100 euros et le patron voulait le prendre sur son salaire, le livreur ne voulait pas, il voulait saisir le prudhomme sauf qu'un des patrons a reussi à lembobiner (gt prensent lors de leur conversation)en lui disant qu'il n'aurait pas gain de cause et que son CV serait pourri après par cette experience, surtt par un licenciement, alors il lui a proposé un "deal" soit il allait au prud homme et il perdrai, soit il lui remboursait les 100 euros et il aurait en plus le droit de démissioner pr ainsi ne pas etre licencié, ce n'est pas aberrant ceci??!!!!!!

Merci beaucoup de votre réponse

1 réponse

Bonjour,

Dans un premier temps, en ce qui concerne les sanctions disciplinaires autorisées par la législation sociale, les sanctions dites pécuniaires sont formellement et strictement interdites quelque soit la forme retenue par l'employeur! L'Art. L. 1331-2 du Code du travail dispose très clairement: "Les amendes ou autres sanctions pécuniaires sont interdites. Toute disposition ou stipulation contraire est réputée non écrite".

La Cour de cassation s'est d'ailleurs prononcée dans un cas similaire au votre dans un décision du 9 juin 1993 (Bull. civ. n° 161): "constitue une sanction pécuniaire illicite la retenue sur salaire à la suite d'un manquant dans la caisse, peu important à cet égard les dispositions de la convention collective ou du règlement intérieur qui ne peuvent instituer un cas de responsabilité pécuniaire de plein droit". A l'inverse ne serait pas une sanction pécuniaire la retenue sur salaire motivée par l'absence injustifiée du salarié pendant son temps de travail (ex: un salarié embauché 35h, ne travaille que 30 heures; l'employeur a le droit de lui retirer l'équivalent de 5 h non travaillés).

Pour corriger l'une de vos affirmations, l'avertissement n'est pas un préalable à une sanction pécuniaire. L'avertissement est une sanction disciplinaire en soi, tout comme le blâme, la mise à pied disciplinaire, etc...

Ensuite, s'agissant des papiers que vous avez signé, ils peuvent effectivement être utilisés comme mode de preuve par votre employeur en cas de litige devant la juridiction prud'homale. Toutefois, ils pourraient être remis en cause en fonction des circonstances dans lesquels vous avez du les remplir et les signer. Ils ne sont que l'émanation de la version observée par votre employeur; cela ne signifie pas forcément qu'il représente véritablement l'intégralité des faits. De plus, il n'apparait pas que votre employeur ait pris des sanctions disciplinaires à votre égard! Le fait de vous faire rédiger et/ou signer un papier ne constitue pas une sanction disciplinaire! Et je ne pense pas que cela réponde réellement aux exigences de l'Art. L. 1332-1 C. trav.!
Il apparaît plus que vous avez subi des observations verbales! Et votre employeur met la charrue avant les boeufs ^^! Une sanction disciplinaire ne peut être une observation verbale (Art. L. 1331-1 C. Trav.)! Même un avertissement doit être formulé par écrit!
Enfin, toute sanction disciplinaire doit être prise dans un délai de deux mois à compter du jour où l'employeur en a eu connaissance (Art. L. 1332-4 C. Trav.). Dans votre situation, il faut tenir compte du dernier fait reproché par votre employeur. Le dernier papier signé, qui éventuellement peut répondre aux conditions de l'Art. L. 1332-1 C. trav., peut vous servir en ce que la date inscrite permet de calculer le délai de deux mois!
Donc pour résumer ce long passage, vous n'avez pas encore été sanctionnée, au vu de vos affirmations!

Pour ce qui est de votre évincement de l'entreprise pendant la période d'essai, le principe veut qu'effectivement la rupture soit libre! Concernant la durée, l'Art. L. 1221-19 C. Trav. prévoit les durées maximales qu'elle peut revêtir, notamment pour un ouvrier et un employé 2 mois. Quant à l'Art. L. 1221-25 C. trav., il envisage la durée du préavis devant être respectée en premier lieu par l'employeur entre l'annonce et la fin effective du contrat:(L'Art. L. 1221-26 concerne le délai imposée en cas de démission du salarié)
"1° Vingt-quatre heures en deçà de huit jours de présence ;
2° Quarante-huit heures entre huit jours et un mois de présence ;
3° Deux semaines après un mois de présence ;
4° Un mois après trois mois de présence
".

Seulement, il apparaît, toujours selon vos affirmations, que votre employeur a abusé de la possibilité de recourir à une période d'essai. En effet, l'Art. L. 1221-20 pose la définition suivante de la Période d'essai: "La période d'essai permet à l'employeur d'évaluer les compétences du salarié dans son travail, notamment au regard de son expérience, et au salarié d'apprécier si les fonctions occupées lui conviennent".
Or, le fait que vous avez déjà travaillé pour cet employeur pendant 7 mois et ce sur les 12 derniers mois (ce qui marque une période assez courte dans le temps), montre que votre employeur a déjà pu évaluer vos compétences, surtout, qui plus est, s'il s'agit du même poste. Dès lors, votre employeur a agi en fraude des dispositions légales protectrices des intérêts des salariés. Il a détourné la finalité du texte.
Sur ce point, la Cour de cassation est également formelle, dans une décision de la Chambre sociale en date du 26 février 2002 (Pourvoi n° 00-40749, Bull. civ. n° 78): "Le salarié embauché en qualité d'agent de maîtrise ne peut être valablement soumis à une période d'essai dès lors qu'il a occupé auparavant pendant dix-huit mois le même emploi pour le même employeur, ce dernier ayant ainsi déjà pu apprécier ses capacités professionnelles dans l'emploi considéré". Vous pouvez observer que la situation présente certaines similitudes avec votre cas. Vous avez donc été licencié irrégulièrement!

Pour conclure le tout, il n'apparaît aucune sanction disciplinaire et la rupture de votre contrat apparaît entaché d'irrégularité. Une action devant le conseil des prud'hommes paraît envisageable. Pour s'assurer de tout cela, un avocat sera le meilleur moyen de vous défendre. Pour vos anciens collègues, soit ils passent par l'inspection du travail, soit ils peuvent entrer en contact avec un syndicat.

Bon courage!
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